L’idée de cet article m’est venue car j’entends souvent autour de moi : “tu sais, quand je suis tout(e) seul(e), je n’ai pas très envie de cuisiner… Alors je mange n’importe quoi !” Dans une société où environ 20% des plus de 15 ans vivent seuls, manger en solitaire n’est pas toujours bien vécu. Parfois à l’origine d’un sentiment de culpabilité, d’une mauvaise estime de soi suite à une rupture, cela peut être une résistance à se faire de bien ou une volonté à se faire du mal.
Selon Sarah Chiche, psychanalyste, ce serait courant chez les parents isolés. « Après leur séparation, ils trouvent compliqué de s’accorder le droit de se faire plaisir, observe-t-elle. Dépourvus de leur rôle de conjoint et de celui de parent à temps complet, ils se retrouvent face à eux-mêmes en tant que sujet et se demandent comment se dépatouiller avec cette liberté reconquise. Pas simple de faire avec cette jouissance que l’on pourrait enfin s’accorder, mais que l’on trouverait presque indigne de s’autoriser. »
D’après Catherine Grangeard, également psychanalyste, il est nécessaire d’arrêter de s’en vouloir et de retrouver l’envie de se faire plaisir. Le problème, selon elle, vient de nos habitudes et du modèle selon lequel manger à plusieurs serait la seule norme bénéfique. Or, cela entraine une pression qui peut avoir des conséquences psychiques très graves. Pour elle, “L’idée que manger ensemble est indispensable à notre équilibre est fausse, et l’image de la tablée familiale à l’ambiance chaleureuse est un fantasme, une vision purement idyllique.” Les repas ne sont-ils pas souvent l’occasion de reproches ?
Autre conséquence, un sentiment de honte souvent associé à une impression d’exclusion.
On culpabilise d’être célibataire, de ne pas avoir d’amis, d’être au chômage… Résultat, on ne mange plus à table, se préparer un repas devient une corvée “qui n’en vaut pas la peine”. Ce qui peut mener à devenir “mangeur émotionnel”, c’est à dire, manger pour atténuer les angoisses, la culpabilité d’être seul et de manger mal. Et c’est le cercle vicieux car, cette manière de manger nous donne l’illusion que l’on se fait du bien mais c’est tout l’inverse. On culpabilise encore plus et on finit par se dire “à quoi bon, au point où j’en suis …”. Ce qui conduit à manger encore moins bien et à la prise de poids souvent !
Selon Florian Saffer, diététicien et thérapeute comportementaliste, l’origine de ces comportements est l’estime de soi. “La question de la valeur que l’on s’accorde est effectivement ce qui fait toute la différence entre celui qui subit le repas seul et celui qui s’en réjouit. Manger seul, cela renvoie à ses choix de vie, à son itinéraire, à ce qui a été, à ce qui n’est plus. D’où parfois un sentiment d’échec que beaucoup disent ne pas vouloir “ruminer” quand ils dînent.”»
Personnellement, cela m’arrive régulièrement de manger seule. Ma dernière fille est entrée au collège il y a 2 ans et l’éloignement fait qu’elle mange à la cantine 4 jours par semaine. Je suis donc seule à la maison 2 à 3 jours par semaine. Au début, j’ai eu du mal, pas de bruits, personne à qui parler… Je mettais donc la télévision ou regarder des vidéos sur les réseaux sociaux. Et je me suis rendu compte que je mangeais beaucoup plus que nécessaire car je n’étais pas du tout attentive à ce que je mangeais.
Les avantages à manger seul :
Vous mangez quand vous avez faim : c’est quelque chose que l’on ne fait pas forcément quand on est en famille. Notre culture, surtout en France, fait que nous prenons nos repas tous ensemble, dans un moment convivial, l’occasion que chacun raconte sa journée, de discuter des prochaines vacances… Dans ce cas là, il y a une personne, souvent celle qui prépare le repas, qui décide de l’heure à laquelle le repas est servi. Mais en fait, ça ne correspond pas forcément au moment où tout le monde a faim. Or c’est important. La faim, c’est le signe que notre organisme a digéré tout ce qu’on lui a donné et qu’il a besoin d’énergie. Manger sans faim, c’est absorbé des aliments et donc des calories dont on n’a pas besoin.
Vous mangez ce que vous voulez :
Pas besoin de composer avec les goûts de chacun, vous êtes seul à décider et cela facilite les choses ! Et si vous avez des ados à votre table, vous savez qu’ils n’ont pas les mêmes besoins que vous. Si vous, une assiette de crudités vous suffit, pour eux, il va falloir prévoir un peu plus consistant et une plus grande quantité !
Vous gagnez du temps en préparation : préparer un repas pour une personne demande moins de temps que lorsque l’on est plusieurs.
Vous êtes plus productif :
Si vous mangez sur votre lieu de travail, cela peut être un choix de manger seul mais il est encore courant de se voir coller l’étiquette d’asocial ! Pourtant, Philippe Silberzahn, professeur à Polytechnique à L’EM Lyon, spécialiste de l’innovation en entreprise, met en avant les bienfaits de déjeuner seul. Ces moments permettent de se connecter avec soi même, de faire le point. Dans notre société, rares sont les moments où l’on a la possibilité de se concentrer sur soi. Ces repas pris en solitaire sont aussi l’occasion d’offrir au cerveau un moment de détente ce qui améliore la productivité et la concentration. La solitude ponctuelle, améliore la capacité à réfléchir plus profondément et permet de solutionner les problèmes rencontrés plus facilement.
Vous êtes plus ouvert aux autres : D’après la psychologue Sherrie Bourg Carter, “Lorsqu’on est en groupe, notre inconscient nous fait suivre la majorité. Se retrouver seul permet alors d’exprimer sa propre opinion”. Pouvoir se connecter à soi, permet de se connaitre soi et par conséquent de mieux apprendre à connaitre les autres.
Conseils :
Retrouver le plaisir de manger : en étant attentif à vos 5 sens. C’est une manière de se reconnecter à soi en mobilisant la sensorialité par l’exploration des saveurs, des textures, des odeurs…
Prendre le temps : Bien mâcher, vous l’avez déjà sans doute entendu souvent ! Mais c’est indispensable. Non seulement, cela permet d’être attentif au goût mais aussi cela facilite la digestion. La mastication est la première étape du processus de digestion. Quand on mange trop rapidement, le cerveau n’a pas le temps d’envoyer un message de satiété. On mange donc beaucoup plus que ce dont on a besoin. Je vous conseille de lire cette article dans lequel j’explique la sensation de faim et la satiété : 5 astuces pour apprendre à réguler votre faim
Se constituer une belle assiette : Le visuel est tout aussi important que l’odeur et le goût. Prenez le temps de composer votre assiette, mélangez les couleurs, les textures, les formes. Cela rendra votre assiette appétissante et vous en aurez l’eau à la bouche !
Préparer de plus grande quantité : pour constituer mes assiettes quand je suis seule, j’utilise souvent les recettes du week end. Je fais en sorte de préparer des plus grosses quantités que je réutilise dans la semaine ou que je congèle pour une prochaine fois. Il existe de nombreux plats individuels pratiques pour la congélation.
Utiliser les surgelés : les légumes surgelés natures sont une très bonne alternative quand on est pressé. Ils sont déjà épluchés, coupés, il ne reste qu’à les cuisiner. C’est simple et rapide ; on y ajoute des épices ou des herbes et le tour est joué ! Si vous mangez des plats tout prêts, attention !!! Ils sont bourrés de sucre, de conservateurs, vides de nutriments et sont une des causes de la prise de poids ! C’est vrai que ça dépanne mais ça ne doit pas être votre quotidien.
Allez au restaurant : accordez vous ce plaisir de temps en temps. Un bon plat du jour, qui vous attire et c’est suffisant pour se faire plaisir. En plus, c’est tendance ! A Amsterdam, à ouvert le premier restaurant au monde réservé aux personnes désirant manger seule : Le Eenmaal et il ne désemplit pas ! Une succursale serait en projet à Paris.
Ecoutez vous : je pratique régulièrement ce qu’on appelle le jeûne intermittent. Normalement, cela consiste à dîner entre 19h et 20h, ne pas prendre de petit déjeuner le lendemain matin et attendre le repas de midi pour manger. Pour ma part, je l’ai un peu adapté ; je ne prends pas de petit déjeuner et je mange quand j’ai faim. En fonction de mes envies, il m’arrive de manger entre 10h30 et 11h. Dans ce cas là, je me fais un repas de type brunch. Une collation dans l’après midi si j’ai faim et le repas le soir. En fait, je suis attentive à mes sensations. Je ne fais plus attention aux horaires mais à ma faim. Et ça, c’est super facile quand on est seul !
Se faire plaisir et prendre du plaisir : c’est pour moi, l’essentiel ! Manger doit être un vrai plaisir. Quand on mange pour manger, rapidement, sans être attentif à son corps, on envoie au cerveau un sentiment négatif. Et ce sentiment nous culpabilise et nous pousse à manger plus que nécessaire.
Nous prenons environ 100.000 repas dans une vie, c’est 100.000 occasions de se faire plaisir !!!
Dites moi en commentaire ce que vous en pensez, j’adore avoir vos retours ! Et si vous souhaitez m’aider à toucher plus de monde, un partage sur les réseaux sociaux est le bienvenu !
A bientôt !!
Une grand merci pour cet article agréable à lire et également déculpabilisant .
Je suis fan de ces repas pris seule, ils sont indispensables à mon équilibre aujourd’hui.
Merci Céline pour tes conseils et bravo pour cette plume légère qui se lit facilement!🤩👌